Kenya : Pionnier de la victoire contre le paludisme grâce au vaccin RTS,S
Le Kenya prend la tête de la lutte contre le paludisme en vaccinant les enfants avec le RTS,S, premier vaccin antipaludique recommandé par l’OMS. Le pays devient l’un des trois premiers à mettre en œuvre ce programme novateur, marquant une étape cruciale dans la lutte contre cette maladie dévastatrice.
En effet, le Mercredi 22 novembre, 331 200 doses du vaccin RTS,S ont été livrées à Yaoundé, au Cameroun, marquant ainsi le début de l’expédition de ce vaccin crucial vers des pays qui n’avaient pas encore participé au programme pilote. Le Kenya, aux prises avec une charge élevée de paludisme, se positionne en tant que pionnier, soulignant son engagement envers la santé de ses citoyens les plus jeunes. Le paludisme reste une menace persistante, particulièrement en Afrique, où près de 95 % des cas mondiaux et 96 % des décès en 2021 sont survenus. Les enfants de moins de cinq ans, particulièrement vulnérables, continuent de payer le tribut le plus lourd, avec 77 % des décès liés au paludisme.
L’arrivée prévue de 1,7 million de doses supplémentaires du vaccin RTS,S au Burkina Faso, au Libéria, au Niger et en Sierra Leone dans les semaines à venir témoigne d’une expansion stratégique de la vaccination dans des zones à risque élevé. D’autres pays africains devraient également recevoir des doses dans les mois à venir, reflétant une avancée significative vers l’intégration du vaccin dans les programmes de vaccination de routine. Le déploiement du vaccin contre le paludisme nécessite une planification minutieuse, notamment la formation des agents de santé, le renforcement des infrastructures, la garantie de capacités techniques, le stockage adéquat des vaccins, l’engagement communautaire, et une coordination efficace avec d’autres interventions de santé publique. Le défi supplémentaire réside dans le calendrier de quatre doses du vaccin, exigeant une logistique précise pour assurer une distribution efficace.
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont initié le programme pilote du vaccin RTS,S, connu sous le nom de Programme de mise en œuvre du vaccin contre le paludisme (MVIP). Plus de 2 millions d’enfants ont déjà été vaccinés, entraînant une réduction remarquable de la mortalité toutes causes confondues chez les enfants éligibles, ainsi qu’une baisse significative des cas de paludisme sévère et des hospitalisations.
Les résultats positifs du MVIP ont également influencé la récente recommandation de l’OMS concernant un deuxième vaccin antipaludique, le R21, fabriqué par le Serum Institute of India (SII). Les essais de phase 3 ont démontré son bon profil de sécurité et son efficacité chez les enfants. Alors que le vaccin R21 est en cours d’examen par l’OMS en vue de sa présélection, la disponibilité de deux vaccins antipaludiques renforcera l’offre, répondant à la demande croissante des pays africains. Cette avancée offre l’espoir de sauver des milliers de vies d’enfants exposés au risque de paludisme. Cependant, il est crucial de souligner que les vaccins ne constituent qu’une partie intégrante de l’arsenal antipaludique. Ils devront être intégrés dans une approche holistique recommandée par l’OMS, comprenant des mesures telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide, les pulvérisations intradomiciliaires, le traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes, les antipaludiques, et une gestion efficace des cas. L’expérience du MVIP montre que la vaccination renforce l’adoption d’autres interventions antipaludiques, soulignant l’importance d’une approche combinée pour lutter contre le paludisme.
Ce développement majeur ouvre la voie à une intensification de la vaccination dans les régions endémiques, offrant un rayon d’espoir dans la lutte contre le paludisme et posant les bases pour une transformation significative de la santé publique en Afrique. Il rappelle également l’importance de la coopération internationale et des partenariats pour relever les défis sanitaires mondiaux.