Au Libéria, le Président Boakai lance la création d’un tribunal pour crimes de guerre
Le Président libérien, Joseph Boakai a signé un décret jeudi pour établir un tribunal tant attendu pour crimes de guerre au Libéria. Cette initiative vise à rendre justice aux victimes des deux guerres civiles qui ont secoué le pays, caractérisées par des massacres, des actes de torture et des violences sexuelles.
Les atrocités commises pendant les guerres civiles ont traumatisé la nation, avec des rapports décrivant des filles victimes de viols collectifs et des enfants recrutés comme combattants après avoir été témoins de la mort de leurs parents. Entre 1989 et 2003, ces conflits ont entraîné la mort d’environ 250 000 personnes. Le décret signé par le Président Boakai intervient après des années de demandes de la part des victimes et des militants de la justice pour la création d’un tribunal chargé de juger les personnes accusées de crimes de guerre. En 2009, une commission vérité et réconciliation a établi une liste de personnes à poursuivre pour ces crimes, mais le gouvernement n’avait pas agi. La justice était une question cruciale lors des élections présidentielles de l’année dernière, qui ont vu Boakai l’emporter sur le grand footballeur George Weah, alors président.
Le Libéria, créé en 1822 pour accueillir les esclaves affranchis des États-Unis, est devenu indépendant en 1847. Le financement du tribunal sera crucial, et les donateurs internationaux sont appelés à contribuer. Cependant, plusieurs mesures juridiques doivent encore être prises avant que le tribunal puisse être établi de manière indépendante et efficace. Beth Van Schaack, envoyée américaine pour la justice pénale mondiale, a déclaré que les États-Unis soutiendront financièrement le tribunal s’il est mis en place de manière appropriée, et d’autres donateurs ont également exprimé leur intérêt une fois que les détails seront clarifiés.
Pour de nombreux Libériens, la création de ce tribunal est essentielle pour établir l’État de droit dans le pays et restaurer la confiance dans les institutions. Les groupes de défense des droits humains, tels que Human Rights Watch, ont exhorté l’administration Biden à soutenir la mise en place du tribunal et à financer ses opérations.
Bien que personne n’ait encore été jugé au Libéria, plusieurs personnes ont été condamnées pour des crimes de guerre à l’étranger, démontrant ainsi la nécessité de rendre justice aux victimes et de mettre fin à l’impunité pour ces crimes odieux.