Sénégal/AES : Bâtir une Afrique de coopération, de courage et de souveraineté

Dans un contexte ouest-africain en pleine mutation, marqué par la rupture historique entre la CEDEAO et les États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), le Sénégal adopte une posture diplomatique singulière, fondée sur le pragmatisme, le respect de la souveraineté et la coopération directe. Ce choix stratégique le place aujourd’hui au cœur d’une recomposition régionale inédite, où la diplomatie bilatérale devient un levier essentiel de stabilité, de sécurité et de développement.
Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, unis désormais au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), tracent leur propre voie politique dans une dynamique de rupture assumée avec les ingérences extérieures, le Sénégal fait le pari de l’écoute et de la coopération. En multipliant les rencontres de haut niveau — à Bamako avec le président Goïta, à Ouagadougou avec Ibrahim Traoré, à Niamey avec Abdourahmane Tiani — les autorités sénégalaises reconnaissent de facto la légitimité de la démarche souverainiste des États de l’AES.
Cette approche a des retombées concrètes. Sur le plan sécuritaire, le renforcement de la coopération avec le Mali, via les patrouilles conjointes à la frontière (comme à Diboli) et le soutien au partage de renseignements, contribue directement à la lutte contre les groupes armés dans une zone transfrontalière instable. Elle permet de protéger les populations, sécuriser les routes, et prévenir les incursions dans l’ouest du Mali et le sud-est du Sénégal. C’est un gain commun en stabilité.
Sur le plan économique, les discussions entre Dakar, Ouagadougou et Niamey ouvrent la voie à une relance des échanges commerciaux, avec des projets concrets tels que l’ouverture d’une liaison aérienne directe Dakar-Niamey via Air Sénégal. Cela va faciliter non seulement la mobilité des citoyens, mais aussi les flux de marchandises, à rebours des logiques de sanctions qui ont récemment affaibli les circuits régionaux.
Politiquement, la position du Sénégal constitue un signal fort. En plaidant pour une approche inclusive et en rejetant les sanctions inefficaces, comme l’a fait Ousmane Sonko à Ouagadougou, Dakar s’érige en acteur crédible de la réconciliation régionale.
Les présidents de l’AES incarnent aujourd’hui une volonté populaire : celle d’en finir avec la dépendance et de construire une gouvernance centrée sur les aspirations des peuples. Le Sénégal, par son ouverture au dialogue, contribue à amplifier cet écho panafricain qui résonne déjà bien au-delà du Sahel.
En choisissant la voie du partenariat respectueux, Dakar pose les bases d’une nouvelle architecture régionale fondée sur la souveraineté, la solidarité et l’efficacité. Le Sénégal pourrait bien devenir le pivot diplomatique de cette Afrique de l’Ouest nouvelle, plus souveraine, plus unie, et plus fidèle aux aspirations de ses peuples.