Thierry Henry fend l’armure dans une interview à cœur ouvert : “Je pleurais tous les jours, mes enfants m’ont sauvé”

Thierry Henry fend l’armure dans une interview à cœur ouvert : “Je pleurais tous les jours, mes enfants m’ont sauvé”

Dans un long entretien, l’ancien attaquant a évoqué les difficultés psychologiques qu’il a dû affronter durant sa carrière et après.

”Pour comprendre la personne que je suis devenue, il faut comprendre ce qu’il s’est passé plus tôt. Quand j’étais jeune, je n’ai pas reçu beaucoup d’amour, d’affection ni de câlins. Mon père, quand je suis né, il m’a pris dans ses bras et a dit : ‘ce bébé sera un incroyable joueur de football’. Est-ce que j’aurais aimé qu’il dise autre chose ? Pas pour l’instant connaissant mon père. Est-ce que j’aurais aimé qu’il se comporte différemment après ? Oui. Il m’a façonné, il était dur. À 13 ans, je gagne un match 6-0 et je marque les six buts mais, sur le chemin du retour, il me disait ‘tu as raté ce contrôle, ce crochet, ceci, cela’. Je n’ai jamais eu peur de l’échec, c’est ça qui te forme mais j’avais surtout peur de ne pas satisfaire mes proches donc mon père. Le rendre heureux était la chose la plus difficile pour moi.”

”Je ne peux pas vraiment dire que j’étais heureux car j’ai fait ce que j’avais à faire. Après le titre des Invincibles en 2004, j’étais le seul à ne pas aller fêter car il y avait l’Euro qui suivait. C’était ma façon de faire. À la fin de ma carrière, j’ai réalisé qu’il me manquait quelque chose. Je pensais que les titres étaient la seule chose qui comptait mais ce n’est pas le cas. L’important est comment tu te transcendes, tu transmets et tu inspires les gens. Je n’y pensais pas quand j’étais joueur.”

”Durant ma carrière, j’ai dû être en dépression. Est-ce que je le savais ? Non. Est-ce que j’ai fait quelque chose à ce propos ? Bien sûr que non. J’ai su avant que je souffrais mais je me mentais à moi-même et je voulais m’assurer que ce sentiment n’allait pas trop loin. Je mettais donc ma cape mais je ne pouvais plus le faire une fois que je n’étais plus un joueur. Tu commences alors à te remémorer tout dans ta tête. C’est là que cela devient effrayant car tu n’as pas la réponse. Généralement, quand tu penses trop, tu penses au négatif. Je ne dirais pas que j’étais triste, ce n’est pas le bon mot mais j’essayais de trouver une explication à ce qui m’arrivait car j’ai besoin de savoir pourquoi. Un jour, je me suis demandé ce qui me rendait personnellement heureux. Je n’avais aucune réponse.”

”Tout est arrivé d’un coup, surtout durant le covid car j’essayais de trouver un autre moyen de mettre la cape en passant mes cours d’entraîneur et en devenant un coach. J’essayais de faire quelque chose pour être sûr de ne pas penser à ce qui me poursuivait depuis un bon moment. Quand le covid est arrivé, je ne pouvais plus courir. Ne pas pouvoir voir mes enfants durant près d’un an était difficile. Cet événement devait arriver pour me permettre de comprendre la vulnérabilité, l’empathie, le fait de pleurer. Durant la quarantaine, je pleurais presque tous les jours sans raison. Les larmes étaient peut-être là depuis longtemps. En quelque sorte, c’était le jeune Thierry qui pleurait.”

”Mes enfants m’ont sauvé. Je ne sais pas où j’allais mentalement. Après être revenu un mois à la maison, j’étais prêt à repartir à Montréal sans savoir quand j’allais revoir mes enfants. Mes sacs étaient prêts, j’étais sur le point de partir et tout le monde a commencé à pleurer, que ce soit ma copine, mes enfants ou la nounou. Pour la première fois, je me disais qu’ils me voyaient moi personnellement, pas le footballeur. Je me suis senti humain. Pour la première fois, le petit Thierry en moi a été nourri d’amour. Je suis resté et j’ai arrêté d’entraîner à Montréal.”

Josias 

laredaction

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